Les styles, les temps bien marqués

L'observation de plus de mille modèles crées par l'artiste et les expositions organisées autour de son travail, ont permis de dégager des œuvres caractéristiques présentant des modes d'expression bien marqués.

Ces différentes étapes jalonnent le parcours de l'artiste, et caractérisent des "styles".


Formation

Au XIXème siècle les Beaux-Arts forment les élèves à la recherche de la vérité dans leurs représentations plastiques (anatomie de surface, draperies étudiées, visages aux expressions bien marquées, sujets mythologiques ou religieux...)

 

Oedipe et Antigone chassés de Thèbe

Oedipe et Antigone chassés de Thèbes (1901)

Prix de Rome

Bouchard montre dans sa composition de bas et haut-relief qu'il a bien assimilé les enseignements académiques : têtes d'expression d'Oedipe, vieillard aveugle, et d'Antigone sa fille, au visage doux et compatissant traité des draperies, du torse nu du vieillard, des bras souples de la jeune fille composition d'espaces différents pour le premier plan (haut-relief) et l'arrière plan (bas-relief), changements d'échelle.


Réalisme des débuts

La Villa Médicis à Rome impose aux pensionnaires d'envoyer à Paris chaque année, un travail se référant à l'Antiquité ou à la Renaissance. L'artiste s'intéresse passionnément aux sujets de son environnement il étudie les paysans de la campagne romaine, les arabes d'Afrique du nord, les danseuses espagnoles, les ouvriers...

 

Faucheur aiguisant sa faux
Faucheur aiguisant sa faux (1903)

Il envoie en deuxième année un travail réaliste mal perçu par les membres de l'académie des Beaux-Arts (l'anatomie est masquée par les vêtements), mais finalement accepté pour sa grande qualité sculpturale.

Les études réalisées ces années là sont caractérisées par un réalisme très fort, se limitant à des détails évidents.


Recherche de dépouillement

 

Pierre de Montereau
Pierre de Montereau (1908)


Il représente le personnage (un architecte du Moyen-Age "Sainte Chapelle, Abbaye de Saint-Denis"), assis sur une base de colonne, dans son chantier, la règle et le compas à la main, le regard tendu vers un édifice...

Le traitement simple par grands plans, les gros plis dans les draperies, ont pour effet de diriger l'attention sur le visage plus détaillé.

La recherche de simplification est ici très nette.
Il écrit à l'un de ses amis :
"Mon Pierre de Montereau est achevé, c'est une statue curieuse, mais tellement simple qu'elle parait pauvre et je suis convaincu qu'elle n'aura aucun succès".

Exposée au Grand Palais en 1908 au Salon des Artistes Français, elle remporte au contraire, un succès immédiat.

Style monumental

 

Pêcheur breton
Pêcheur breton (1909)

L'artiste continue ses recherches de formes simples et plus massives pour des statues créées sans commande.

"...ne dire que l'essentiel, et le dire avec toute la vérité possible, atteindre en même temps à des beautés plastiques de plans, de volumes et de silhouettes, serait mon programme actuel".

 

 

Claus Sluter
Claus Sluter (1911)

1911 : Recherches de monumentalité, de simplification.

"...il n'y a pas que le costume, il y a la recherche des plans tenant ou faisant courir la lumière, de la beauté des
volumes, de la qualité des accents, enfin de presque tout ce qui fait notre langue à nous sculpteurs qui l'avons oubliée et dont nos bons imagiers du Moyen Age peuvent nous réapprendre les beautés malgré leur aspect d'une apparente laideur".


Style décoratif

 

Madame Bouchard
Madame Bouchard (1913)

Dans ses désirs de dépouillement, il cherche le côté décoratif.

"Mes recherches sont alors de plus en plus vers la plastique décorative, faisant fonction d'architecture par sa construction, par ses volumes, ses décors, ses jeux de plans devant aboutir quel que soit le sujet à exprimer un aspect intéressant pour l'oeil et l'esprit du spectateur..."

Art décoratif des années 30

 

Eglise Saint Pierre de Chaillot
Eglise Saint Pierre de Chaillot (1933-35)

Il poursuit à travers de nombreux travaux de commandes, ses recherches décoratives.

Son style tout en restant très décoratif comporte alors moins de géométrisation, plus de courbes, ses personnages ont des attitudes plus souples.

Retour au réalisme interprété

 

Père Jacques
Père Jacques (1948)
(mort en déportation)

La deuxième guerre mondiale interrompt ses recherches. Il a alors moins de commandes et se replie sur des sujets relatifs à sa Bourgogne natale.

Il revient à un style décoratif moins géométrisé tout en gardant sa conception sculpturale avec de grands plans simples.

Vers 1950, il a alors 75 ans, peut-être en réaction contre la nouvelle génération qui se lance dans l'abstraction, il revient à un réalisme dépouillé.