Les ateliers de Bouchard, photographies d'archives et sculptures
23 octobre 2004– 14 décembre 2005
Le Musée Bouchard expose habituellement des sculptures dans l’atelier conservé du sculpteur Henri Bouchard (1875-1960).
Aujourd’hui pour la première fois il permet de voir des photographies anciennes d’archives arrivées jusqu’à nous, présentées en suivant les ateliers où il a travaillé successivement.
Quatre lieux correspondant à des périodes de création, essentielles chacune à sa façon, sont ainsi «accrochés» aux cimaises du musée.
A côté des photos, quelques sculptures seront installées : certaines déjà visibles sur les clichés anciens ou bien d’autres créées pendant la période évoquée, permettant d’observer en volume le style que la photo ne permet pas toujours de percevoir.
Henri Bouchard, vers 1930, (PH 2455), cl. Pierre Auradon
A Rome
Le premier atelier de Bouchard est celui de la Villa Médicis, dans le Bosco, cadre tranquille et agréable, dans lequel Bouchard a beaucoup travaillé, y créant ses premiers succès montrés et commentés dans des revues, exposés en France et à l’étranger, et conservés dans des grands musées à Paris (musée du Luxembourg, musée d’Orsay), à Boulogne Billancourt (musée des années 30), aux musées de Dijon, Lyon, Mont-de-Marsan et autres en province ainsi qu’à l’étranger (Metropolitan Museum de New York, musée Pouchkine à Moscou…)
Le séjour romain était prévu de 1902 à 1905 mais Bouchard le prolonge, sans bourse, en 1906 pour réaliser quelques commandes.
Peu de photos ont été retrouvées de ces deux périodes mais certaines des œuvres, souvent les plâtres originaux conservés au musée Bouchard, pourront être exposées à côté des photos. Un très grand réalisme domine alors.
A Montparnasse
Revenu de Rome pendant l’été 1906, Henri Bouchard loue un atelier à Montparnasse, 17 rue Campagne première, et va l’occuper de 1906 à 1924.
Il cherche alors à affirmer son goût personnel en toute indépendance.
L’atmosphère de travail à la Villa Médicis était naturellement influencée par l’ENBA et dès son retour à Paris, les recherches personnelles de stylisation et de dépouillement apparaissent (monument à Pierre de Montereau, 1908).
Le style de ses créations évolue alors très rapidement, allant du très grand réalisme de la période de Rome avec des compositions aux plans compliqués et aux courbes nombreuses, jusqu’aux recherches d’art monumental construit par grands plans aux arêtes bien marquées et aux lignes droites dominantes de l’art-déco.
La période est alors majeure, très féconde et reflète l’évolution rapide de l’artiste. (Le Défrichement 1907, Jeune fille et gazelle 1912, la façade des Nouveaux magasins du Printemps 1920).
L’atelier devient rapidement trop petit et Bouchard songe alors à en changer, mais la guerre interrompt tous ses projets.
A Auteuil
Dans l’ouest parisien, à Auteuil, il y avait encore des zones peu construites et le terrain n’était pas cher, aussi Henri Bouchard acquiert en 1920 une petite maison avec son jardin ainsi qu’une bonne surface de terrain à un voisin pour pouvoir construire un atelier à son idée.
Le bail de la maison arrivé à son terme en 1924, Henri Bouchard confie à Léon Chifflot, architecte camarade de Rome, la construction de son atelier.
Remarquablement éclairé par une grande verrière celui-ci est occupé, et utilisé par l’artiste de 1924 à 1960, date de sa mort, soit 36 ans de création.
Dans ce lieu conservé et sauvegardé en l’état jusqu’à aujourd’hui, devenu le Musée Bouchard, sont nées les œuvres les plus connues des parisiens : façade et statuaire de l’église Saint-Pierre de Chaillot, avenue Marceau, et le grand Apollon de la terrasse du Palais de Chaillot.
Les photos des années 30 montrent l’artiste dans l’atelier de la rue de l’Yvette, au milieu d’œuvres qui s’y trouvent encore.
Le lieu, offrant alors tout l’espace nécessaire à l’artiste pour travailler, nous paraît vide au regard de l’incroyable collection d’œuvres que l’on peut y voir aujourd’hui.
Ce rassemblement dans le musée est dû au rejet total, dans les années 60 et suivantes, de l’art figuratif de l’entre-deux guerres, trop classique ; l’art contemporain apportait un changement profond.
L’atelier s’est alors rempli d’œuvres sorties des dépôts officiels trop chargés, d’œuvres acquises à des prix très bas au marché aux puces, dans des brocantes, ou en salle des ventes puisque mal aimées; enfin de dons de particuliers, toujours acceptés avec plaisir.
Conservées au musée, elles ont pu être étudiées et exposées au public.
Quelques témoignages de cette période présentent l’étudiant passionné de 19 ans qui a obtenu une bourse départementale à Dijon en 1894 (Nu masculin, musée Bouchard) lui permettant d’aller à Paris à l’Ecole Nationale des Beaux Arts (ENBA), dans l’atelier du sculpteur Ernest Barrias, jusqu’à son Prix de Rome en 1901.
Pendant les années d’étude aux écoles des Beaux Arts à Dijon, puis à Paris, Henri Bouchard n’a pas eu de véritable atelier mais seulement une sellette proche de celles de ses voisins.